Jean Baptiste dans son désir et son annonce a fait 2 erreurs : En même temps qu’une erreur sur le sens de la mission du Messie, il y a eu chez lui une erreur d’appréciation des délais. Il a beaucoup d’excuses.

Il est comme nous : quand on reçoit des informations, notre esprit les sélectionne ; on retient, on privilégie tout ce qui nous plaît, et on a tendance à mettre de côté tout ce qui nous gêne.
Comme ces 2 femmes qui sonnaient à la porte du presbytère hier avec leur journal « Réveillez-vous » proposant de lire la Bible à leur manière (témoins de Jéhovah), lecture hélas bien éloignée de tout le sens des évangiles et des paroles de Jésus.

Les contemporains de Jean Baptiste ont chanté les psaumes qui décrivent les temps nouveaux. Mais ils ont sélectionné dans ces textes l’image du Messie qui cadrait avec leur mentalité propre.
Pour Jean-Baptiste, le Messie, c’est celui qui va faire le grand nettoyage. Mettre de l’ordre. Faire le tri entre les bons et les mauvais. Chasser les Romains, restaurer l’indépendance et la prospérité économique.

Or Jésus, inaugurant sa mission, fait tout le contraire. Donc une tout autre image du Messie. Les chefs religieux d’Israël auront vite fait de régler la question : puisque ce Jésus ne correspond pas du tout à l’idée du Messie qu’on se fait, il faut le faire mourir.

Quant à Jean Baptiste, lui, il s’interroge depuis sa prison. Il n’a que des bribes d’information :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » La question de Jean rejoint nos questions.

Et Jésus répond : « Dis donc, Jean, on dirait que tu n’as lu qu’une moitié des Ecritures, celle qui te plaisait. Rappelle-toi, quand Isaïe dit : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent... » Ah, voilà une autre image du Messie. Mais celle-là, elle est dérangeante. Parce que tous ces gens-là, ce sont ceux que tu cherches à mettre un peu de côté, en marge de la bonne société : aveugles, boiteux, lépreux...  d’autant qu’à l’époque de Jésus, on les considérait comme des pécheurs, comme de la racaille, des marginaux. Et on imagine un Royaume de Dieu où il n’y aurait que les beaux, les bons, les forts, les grands, les intelligents, les « normaux ».

Non, Jésus nous dit : « les pécheurs, les étrangers, les exploités, ceux qui ont faim, les pauvres, c’est par eux et pour eux que j’ai inauguré et que je construis aujourd’hui le Royaume de Dieu ». C’est dérangeant. On n’aime pas ça. On veut bien faire la charité, mais d’une façon condescendante.

Jésus nous dit : Tu seras crédible, nos communautés seront crédibles, si nous savons voir, entendre, nous approcher de toute misère. C’est bien beau de se lamenter sur l’athéisme ou sur la dérision avec laquelle certains médias traitent certains sujets religieux.
Justement, il ya 15 jours, nous nous retrouvions autour de la vie, des paroles et des actes de Frédéric Ozanam qui, loin de s’enfermer dans des débats qui tourneraient au dialogue de sourds, a entraîné les jeunes et les chrétiens dans une foi active dans la rencontre des oubliés, des plus pauvres. Ce qui importe, c’est que nous soyons proches de tous ces petits, de tous ces pauvres à qui le Christ s’adresse en priorité. Nous sommes le Corps du Christ. Nous avons mission de le « re présenter », de le rendre présent dans notre monde aujourd’hui. On ne pourra pas voir le Christ à l’œuvre si les chrétiens n’y sont pas. Le Seigneur vient dans notre monde dans la mesure où les chrétiens participent activement à construire la paix, la justice, la solidarité, la fraternité, avec tous leurs frères. A commencer par les plus petits.

Nous ne sommes plus dans l'ordre de la morale que prêchait Jean-Baptiste, mais dans l'ordre de la gratuité, de l'amour et du pardon donnés d’avance, avant même tous nos efforts ; c'est le règne de la "grâce",  tout est don, donné par Christ.

"Le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que Jean".  Le plus petit ? C'est le Christ lui-même qui s'est fait serviteur des petits.

Dans la 2ème lecture, Jacques nous invitait à la patience. Non pas tranquillité passive à l'abri du cri de nos frères ! Mais patience modelée sur celle des prophètes, force intérieure de l'homme confiant en son Dieu. L'Avent est le temps pour apprendre cette patience-là !... Comme Jean-Baptiste, ne sommes-nous pas trop impatients ? Quand nous voulons tout, tout de suite ; quand rentabilité, discipline, efficacité sont nos maîtres mots !

Quand nous croyons faire pousser de grandes fleurs en tirant sur les tiges, et en les peignant à nos goûts ! Quand nous comptons plus sur nos capacités, que sur l'action de l’Esprit au cœur de chacun, pour annoncer sa Bonne Nouvelle !

Jésus nous donne des repères : Faire voir les aveugles, parler les muets, entendre les sourds, ressusciter les morts ! Il est là le chemin de Noël.  Le signe que Jésus vient !

A Rémelange, ce dimanche, nous avons une 2ème célébration avec l’association « Voir ensemble ». J’ai la joie de concélébrer avec Hervé Rollin (ordonné prêtre en juin dernier) qui est mal voyant et aumônier de cette association rassemblant des personnes malvoyantes, aveugles et voyantes, s’entraidant merveilleusement et nous rappelant surtout, comme le Christ, où se trouve le véritable aveuglement, la véritable surdité : Quand nos cœurs sont fermés et ankylosés !Dimanche prochain nous recevrons des mains des confirmands de Fameck, Florange et Uckange, la lumière de Bethléem, symbole de cette lumière de la foi qui nous est donnée.En ce 3ème dimanche de l’Avent, ceux qui nous entourent ont besoin de nous pour voir les signes de la présence de Dieu à l’œuvre dans la monde. Alors demandons à l’Esprit qui couvre Marie de son ombre, de nous apprendre à voir ensemble, à entendre ensemble, à parer ensemble !